Les momies dorées, Bahariya oasis

Les momies dorées sont officiellement découvertes en 1996 après qu’un gardien et son âne se soient pris dans une sorte de crevasse. Derrière une porte, s’ouvre 2 salles composées, d’une antichambre et de tombeaux, dans ces derniers une quarantaine de momies sont regroupées dans des niches creusées à même la roche. Zahi Hawass ancien ministre des antiquités estimait à 10 000 momies reposant sous le sable. C’est l’une des découvertes les plus importantes et les plus formidables depuis celle de Toutankhamon . Mais ce chiffre est revu à la baisse puisque seulement 240 momies découvertes ont été dégagées. Les momies de Bahariya sont retrouvées en plaine désertique de Bawiti, dont on ne connaît pas le nom antique à l’époque ptolémaïque et romaine mais dont le nombre d’habitants était estimé à 30 000 à cette période. Le vin à partir de dattes et de raisins constituait la principale source économique, contribuant ainsi à la richesse d’un certain nombre d’ habitants.

Plusieurs centaines de tombes intactes sont alors découvertes avec des momies et le mobilier funéraire traditionnel ( vase à offrandes, vase à parfum, bijoux, statuette de divinités, monnaies de bronze etc…) Un certain nombre de momies dégagées portent un masque peint et doré par-dessus les bandelettes. L’usage des masques funéraires est ancien, dès le moyen empire -2000 ans. On dispose un masque de cartonnage sur le visage du défunt ( du tissus ou papyrus aggloméré recouvert de stuc peint). Au nouvel empire -1500 ans/-1000 ans, on créait des masques en stuc doré, en or pour les rois tel que celui de Toutankhamon de 11 kg d’or massif. A cette période, l’or est considéré comme la chaire des dieux. Derrière tout cela, il y a une signification religieuse. Cette pratique de recouvrir d’un masque d’or ou de doré le visage d’un défunt est de le rendre comme les dieux , à l’image des dieux.

La momification et les rites religieux ont pour objectif, d’identifier le défunt à Osiris (dieu mort et ressuscité) Malheureusement la pratique de l’or n’est pas accessible à tous, c’est pourquoi, certains ont recours à l’utilisation du stuc doré à la feuille, moins coûteux donc plus accessible à plus de défunts. Les défunts de Bahariya appartiennent certainement à la classe supérieure de la société. Grand lieu de l’industrie viticole à l’époque pharaonique. Le vin faisait partie des impôts en nature que le pouvoir pharaonique et romain prélevaient aux habitants. Les momies dorées appartenaient donc certainement à la catégorie de gros producteurs mais aussi de hauts fonctionnaires et de prêtres de rang supérieurs. Plusieurs momies portent un masque surmonté d’un cobra sur le front, signe de pouvoir et de protection. Plusieurs plastrons sont décorés du dieu Thot sous la forme d’Ibis (Thot étant le culte le plus important à Bahariya). Cette découverte laisse un témoignage de l’extension des pratiques traditionnelles de la momification, de la préservation du défunt afin d’assurer la survie, depuis la vallée du Nil jusqu’aux portes désertiques. Telles qu’on les retrouve ici à Bahariya oasis mais également dans la nécropole de Kellis de Dakhla oasis et à Aïn el labakha a Kharga oasis à des centaines de kilomètres au Sud. Une visite intéressante à faire et à combiner aux tombeaux des nobles et de Bannentiou puis au temple d’Ain el Muftella, si vous restez une demi-journée supplémentaire à l’oasis.
Rédaction article: C.Boutet